samedi 26 janvier 2013

Petites et grandes lumières

Voici une courte réflexion sur le bien-fondé des types d'action visant au changement. Faut-il attendre un soleil global qui illuminera les individus ou parier sur la multitude des petites lumières individuelles qui peuvent peu à peu éclairer le monde ?

Cette discussion a été au cœur des échanges qui ont eu lieu cette semaine entre quelques participants et organisateurs des ateliers de la mutation auxquels je me suis joint. Vous savez que c'est aussi le thème de TED.

Où est la gêne ?

A choisir d'attendre que le global change pour s'adapter, on risque d'attendre longtemps et on risque d'être déphasé le moment venu. A faire tout seul dans son coin, on peut allumer une petite lumière qui se propagera certes ... à moins qu'elle soit soufflée par le grand vent des événements  ... Sans parler des risques de récupération au passage. J'ai raconté aux autres participants comment l'une de mes micro-initiatives récentes pour consommer et polluer moins en voiture avait été ridiculisée dans un reportage passé sur M6. Je vous annonce d'ailleurs que je vais donner une suite à cette affaire en communicant avec un blog spécialisé à créer !

Une petite lumière qui paie

En attendant, voici ci-dessous la deuxième preuve de paiement de Babyloan suite à mon micro-prêt à Samaher qui voulait construire des cages à lapins en Palestine:

Je ne ferai pas un article à chaque fois mais j'insiste pour illustrer ce que peut être une petite lumière individuelle qui, en plus, est payée de retour, mais il y a plus.

Allumons des phares

Je crois qu'il ne suffit pas d'agir dans son coin ET je crois à l'efficacité de l'entreprise comme moyen non seulement de vivre mais aussi de changer le monde. Je crois que c'est dans et avec l'entreprise que, passé le temps de l'expérimentation, les choses peuvent changer en vraie grandeur. C'était tout le sens de notre TEDx. Et pour poursuivre avec Babyloan, disons que c'est ainsi que s'est créée cette entreprise: pour que les petites lumières allument une grande balise. Et c'est en train de prendre. A ce sujet, je reprends la réponse que Laure de Babyloan à faite à mon précédent article sur le sujet pour préciser le modèle économique de son site :

"Pour répondre à votre première question et comme le dit Didier, les projets présentés sur le site sont ceux qui sont en recherche de financement. Nous en proposons en moyenne 90 chaque jour et ils mettent à peu près 10 jours à être financés. Les sommes sont effectivement faibles : le montant moyen d’un projet sur le site est de 400 €. Pour les projets en France que nous proposons via nos partenaires français : l’ADIE et CréaSol, le montant moyen du projet est plus élevé (3000€) et du coup le temps de financement est un peu plus long (30 jours).
En ce qui concerne notre modèle économique, nous avons plusieurs sources de revenus :
- 100% de la somme que vous allez prêter est bien envoyée sur le terrain, et nous vous demandons donc une participation complémentaire afin de couvrir une partie des frais de transfert d’argent, de taxes, de paiement sécurisé ou de fonctionnement de Babyloan
- Les IMF partenaires sur le terrain payent également un frais d’accès à la plateforme (faible vs le coût global de leur ressource normalement – une de nos missions sociales étant de permettre le financement du microcrédit à moindre coût via le grand public)
- Un flux de trésorerie via le placement des tirelires dormantes (quasi inexistant aujourd’hui)
- Quelques revenus provenant de nos activités auprès des entreprises (défi solidaire pour financer des projets en interne notamment)
- Et l’investissement en capital de nos actionnaires, car Babyloan a déjà levé plus de 2 millions d’euros en 4 ans
Ce modèle est donc nouveau et se base sur la quantité du flux pour pouvoir augmenter les revenus liés à la collecte, ainsi que la montée en puissance de nos activités avec les entreprises. En tant qu’entreprise solidaire, nous avons également un écart des salaires réduit de 1 à 5 entre le plus bas et le plus haut salaire.
Nous croyons fortement qu’il est possible d’avoir une mission sociale tout en étant économiquement viable ; et ainsi de prouver que le social et la solidarité n’est pas réservé aux ONG et associations mais concerne également les entreprises.
Le challenge est grand mais nous connaissons actuellement une croissance de plus 70% de nos activités, et nous espérons donc atteindre l’équilibre d’ici 2015."

Nous sommes doublement concernés

Tout d'abord, nous pouvons allumer nos petites bougies individuelles cela facilite la maturation des idées et permet de passer à un autre stade le moment venu. Ensuite, nous pouvons créer ou contribuer à créer des balises comme nous l'avons fait avec TEDxLaDéfense ou comme l'a fait Christine Marsan avec les ateliers de la mutation. Si vous n'avez pas pu venir en Novembre, voici le livre qui vient de sortir: S’approprier les clés de la mutation : Comprendre, innover, agir autrement. Vous y retrouverez les témoignages de nombreux intervenants parmi lesquels Emmanuel Delannoy et Arnaud Poissonnier (dirigeant de Babyloan) qui étaient aussi à notre TEDx. Et ainsi vous y trouverez de nombreux exemples de phares qui sont en train de s'allumer. L'entreprise Babyloan est un phare qui permet de faire converger nos nombreuses petites lumières individuelles.

Je voulais simplement ici témoigner d'une réponse qui a été la nôtre l'autre soir et qui semble s'imposer comme du bon sens: il faut les deux, les petites et les grandes lumières !

3 commentaires:

Séverine Beney a dit…

Bonjour Didier.

Comme on a coutume de le dire, les petits ruisseaux font les grandes rivières. L'ère de l'individualisme à outrance est dépassée : place à la complémentarité et à la collaboration collective.

Je rejoins parfaitement votre analyse en ce sens. Oeuvrer dans son coin est, à la limite, contre-productif : en revanche, apporter sa pierre à un édifice (économique ou autre) pour le voir se développer, oui.

Séverine

jérôme a dit…

Malheureusement les petits ruisseaux ne suffisent pas aujourd'hui à alimenter les océans de détresse et de destruction qui s'auto-alimentent par ailleurs. J'entendais l'autre soir une émission sur Europe 1 avec Marie-thérèse Bertini, une chef d'entreprise iconoclaste qui était invitée pour parler du marché du travail et qui a passé toute l'émission à dire "parlons de l'emploi et cessons de parler du chômage". Elle expliquait que Pole emploi coûtait 150 000 € par an à son entreprise et qu'il ne lui servait jamais à rien, qu'elle devait recruter sans eux et que chaque fois qu'elle avait essayé de les contacter pour anticiper il avait été impossible de les voir. Elle citait le cas d'une secrétaire de plus de 50 ans qu'elle avait recruté peu avant et qui au bout de 2 jours dans l'entreprise était obligée de prendre un jour de congé pour retourner à Pole emploi remplir des papiers sinon elle serait radiée ce qui lui poserait des problèmes si elle ne réussissait pas dans son nouveau poste.
On peut construire avec des idées nouvelles, casser les corporatismes, lutter pour la création de richesses et finalement être ponctionné quoi qu'on fasse sans avoir son mot à dire par des gens qui poussent dans l'autre sens. Évidemment, s'attaquer à ça (à ceux qui vivent sur la bête) est extrêmement difficile, à moins de partir. J'ai fini le dernier livre de Marc Fiorentino sur es retraites où il liste tout ce qui va nous arriver, jusqu'à nous prévenir qu'on nous piquera même une partie de notre épargne pour boucher des trous.
On se console ou on s'éclate dans la construction de modèles ou d'entreprises innovants, moi le premier, mais tant que mon petit ruisseau n'est pas considéré il s’asséchera avant de se jeter dans le fleuve...
Mais bon, tout cela n'empêche pas d'agir, sans illusion...

Didier Chambaretaud a dit…

Oui Jérôme, je sais, j'en ai fait l'expérience aussi, vous avez raison ET ... Séverine aussi.

Ce que j'évoque de notre échange aux ateliers de la Mutation est exactement ceci, il va falloir à la fois cultiver notre jardin solidaire ET éponger la marée qui menace de nous submerger et dont le facteur principal jamais réellement mis en avant est le coût excessif pour une efficacité problématique de notre Etat régalien+ collectivités + agences + sociétés mixtes.

"My 2cents" c'est qu'il faudrait mener simultanément une politique de droite drastique afin de purger les dérives cumulée du passé jusqu'à maintenant ET une politique de gauche dont même le Front de Gauche n'a pas idée, fondée sur le revenu de base les monnaies complémentaires etc . entre autres et un maximum de solidarité. Totalement improbable !