samedi 20 avril 2013

Ordre et Morale


Comme annoncé, ce billet prolonge le précédent sur la Morale. Je l'accompagne d'un autre mot: "Ordre". Car il faudra bien revenir aux mots que l'on a pris l'habitude de ne plus utiliser car un peu trop connotés. "Ordre et Morale" ensemble forment le titre d'un film de Mathieu Kassowitz sorti en 2011. Mon but n'est pas ici d'en faire la critique ni même de reparler des tragiques événements d'Ouvéa.


Voici la bande annonce du film:

Le film a été diversement accueilli et a été notamment interdit en Nouvelle Calédonie car le sujet y est encore brûlant. Le général Vidal a démenti la thèse de l'assassinat des prisonniers kanaks... Je ne veux pas entrer dans un débat sur le film lui-même, je ne m'intéresse qu'au symbole et à la Morale qu'il porte. Voyons ce qu'il a permis d'entendre. Michel Rocard, premier ministre nommé juste après les événements est interviewé à la sortie de la projection:




"Le film est juste hélas, ... la faute politique a été de mettre l'armée là où elle n'avait pas à être pour faire ce qu'elle ne sait pas faire !"

Faute de Gouvernance donc. Michel Rocard n'a pas eu à prendre la responsabilité de l'assaut à Ouvéa et en plus il est légitimement fier d'avoir su mener la sortie de crise relative à la possible insurrection de la "Kanaquie". On note d'ailleurs dans son propos la posture du négociateur qui se place tour à tour du point de vue de chaque partie ... Qui plus est, vu son âge et son parcours, peu d'hommes politiques ont sa liberté de parole. Les événements ont eu lieu en 1988, ce commentaire date de Novembre 2011. Compte tenu des difficultés du capitaine Legorju (héros du film et en charge de l'assaut) et aussi de celle de Kassowitz pour tourner le film, on peut dire que c'est plutôt bien qu'un tel témoignage puisse être porté "si vite".

En quoi sommes-nous concernés ?

Le secret d'Etat n'excuse donc plus tout à fait tout,  des choses se disent plus vite et plus tôt ... Mais ce n'est-là qu'un simple exemple, certes tragique et douloureux, ce fait est de ceux qui se médiatisent bien. Un simple exemple donc et sans doute un arbre qui cache la forêt... Il nous reste à imaginer les lâchetés et erreurs commises pour en arriver à la thèse que présente le film et qui n'est plus désormais tabou, ce qui est un progrès. Mais les habitudes ont la vie dure surtout quand il s'agit de "petits" faits austères et obscurs comme ceux relatés dans l'article précédent. Mais là comme à Ouvéa, que se passe-t-il quand une Institution de l'Etat est amenée (peu importe qu'il s'agisse d'intérêts particuliers ou d'erreurs ...) à faire ce pour quoi elle n'est pas faite et qu'elle ne sait pas faire ?

Il serait donc maintenant judicieux puisque les tabous tombent, de procéder dans le détail et dans les coins obscurs à ce travail de rigueur (que j'appelle "moral"). Les artistes le font comme avec ce film sur des sujets tragiques, les journalistes comme E. Plenel l'ont fait pour faire éclater le scandale Cahuzac. Quand les représentants des citoyens iront-ils dans les coins mal éclairés de notre République vraiment demander des comptes ? Il y a là sans doute matière à redressement "productif".

On pourra se dire que ceci n'a rien à voir avec la Morale ou que nous comparons des choses non comparables. Nous parlons dans tous les cas, de (petits ou grands) mensonges d'Etat qui entraînent des dysfonctionnements dont nous sommes ultimement responsables (et victimes). Même s'il n'y a pas toujours mort d'homme et que cela n'intéresse souvent personne de prime abord, il convient de nous en saisir, en tous cas de nous en préoccuper. Je choisis de croire que c'est possible.
Prochain article: changer de constitution !

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