samedi 21 juillet 2012

Halla Tomasdottir: doing good business to change the world

Voici le troisième film présenté à TEDxLaDéfense juste avant notre onzième intervention sur scène. On y parle de nouvelle finance telle que celle-ci s'est réinventée en Islande à la suite de la crise des subprimes.

Son angle:

Ancienne cadre sup d'entreprises US, Halla était responsable de la CCI de Reykjavik lors de la crise des subprimes qui a emporté et le système financier local et les hommes politiques qui avaient rendus le pays insolvable. Comme le peuple décida de ne pas rembourser des dettes qu'il ne comprenait pas, il a fait table rase. La côte de risque de l'Icelande a sombré ... et une économie plus saine et plus "sérieuse s'est mise en place. Halla et son associée ont décidé de quitter leurs postes respectifs et de créer un fonds d'investissement fondé sur les valeurs de réalisme ... des femmes islandaises.

Voici la vidéo:



Résumé:

Halla et son associée considèrent que la situation catastrophique de leur pays n'était pas seulement la faute des hommes cependant une trop grande uniformité de valeurs et de pensée masculines leur semble en avoir été une des causes majeure. Leur réaction fut donc de repartir de valeurs qu'elles considèrent être les valeurs traditionnelles des femmes de leur pays à savoir:

1) Comprendre les domaines dans lesquels nous investissons (Risk Awareness): qui a compris dans quoi on investissait au plus fort de la crise des subprimes ?

2) Parler vrai et dire les choses comme elles sont avec des mots simples (Straight Talking). (là j'ai bien envie de me souvenir des paroles lénifiantes de Christine Lagarde (qui "dirige" aujourd'hui le FMI) tout au long des crises financières.

3) Capital Emotionnel: en plus de l'analyse financière sur Exel, il faut aussi prendre en compte le facteur émotionnel. Ce sont en effet les gens qui créent de la valeur pas les feuilles de calcul ...

4) Profits et principes: gagner de l'argent en respectant nos principes ce qui implique de définir le mot "profit" plus largement. Les profits ne sont pas seulement les profits financiers du trimestre mais doivent intégrer des bénéfices sociaux et environnementaux à plus long terme.

Voici en quoi cette approche peut changer les choses:


Halla nous fait part de son espoir que le facteur féminin, plus divers et réaliste dans la prise de décision et la révolution verte peuvent être les bases d'une nouvelle économie pour saine et plus respectueuse. En même temps, elle observe à quel point nous nous précipitons à recréer les conditions mêmes de notre échec. Et elle cite la définition de la folie selon Einstein:
"Faire inlassablement les mêmes erreurs en espérant un résultat différent ..."
Elle nous fait part de ses doutes et aussi de la longue histoire des femmes islandaises qui, depuis les vikings, et jusqu'à la première femme islandaise élue présidente, Vigdis Finnbogadottir, ont influencé profondément leurs époques.

En quoi sommes-nous concernés ?

L'Islande est un cas intéressant. Ce fut le premier pays d'Europe frappé par la crise. Il n'a pas du tout fait ce que nous faisons: le déni n'a pas été longtemps tenable, les banques ont été mises au pas, les politiques ont été remplacés et les créanciers internationaux (anglais et néerlandais) n'ont pas été indemnisés. La côte de risque du pays a donc été dégradée, la récession s'est installée et aujoud'hui l'économie repart sur de nouvelles bases ... Probablement n'y-a-t-il aucun rapport avec nous ... l'Islande c'est tout petit et tout froid alors ? Regardons tout de même, on ne sait jamais !

J'accorde en outre un grand intérêt à cette idée que la diversité "écologique" dans les affaires comme ailleurs est plus efficace que la pensée unique. L'approche féminine (que j'aurais plutôt tendance à appeler de "bon sens") de Halla me semble plus efficace pour éviter les crises qui découlent des biais que Georges Soros pointe de son côté dans la prise de décision financière et économique.

C'est moins l'aspect masculin de l'économie financiarisée qui est dénoncé ici que son côté monolithique, borné, entre soi, conforme et panurgique. Cela devrait nous inspirer car nous sommes atteints du même mal dans nos entreprises, dans les rouages de l'Etat, des collectivités locales et des institutions en général. Comme me le disait un élu local il y a peu dans une petite région de France vide et sans imagination: "en effet, la meilleure alliée du changement auquel nous n'arrivons pas à nous résoudre c'est peut-être cette crise qui nous arrive ..."

Au total, j'ai particulièrement aimé la conclusion de ce "talk" qui a été d'ailleurs comme un fil conducteur de notre journée: ras-le-bol d'une pensée qui opposerait le masculin au féminin, une économie "bonne" parce que philanthropique à de "mauvaises" pratiques qui seraient financières. Il faut aboutir à une unité efficace: une économie saine pour tous: "Humanisme ET profits": 
"doing good business to change the world" !
Les liens:

Retrouvez son site ici: Audur
et un article résumé récent des crises islandaises ici: Le Point

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