dimanche 4 décembre 2011

Jacques Marseille: il avait annoncé la crise de la dette

J'ai modifié mon dernier billet concernant Paul Jorion suite à sa réponse laconique, j'ai ajouté la vidéo complète de l'émission qui me faisait réagir et un dernier commentaire. Je ne creuserai pas davantage.

"Ne renonce jamais, lâche prise et la voie s'éclaire" comme le dit judicieusement mon ami Paul-Henri Pion.

Je vais donc vous parler aujourd'hui brièvement d'un économiste reconnu dont la spécialité était l'histoire de l'économie. De lui, j'ai lu certains livres et j'ai eu la chance de le rencontrer en 2009 grâce à l'APM de la Meuse et de discuter avec lui. Décédé trop tôt en Mars 2010, c'était un homme cultivé, simple et clairvoyant. Vous l'avez peut être écouté dans "C dans l'air". Ronchon, il avait pourtant le sens de l'humour et à son égard, point n'est besoin de parler de "prophéties", ni de lui demander de préciser la voie à suivre. Voyez plutôt cet article du Point qui remonte à Décembre 2005 où l'on trouve tout ce qui fait débat aujourd'hui. Il y parlait de la dette française en comparaison de celle de l'Argentine de 1913.

Jacques Marseille avait la passion des chiffres et les siens étaient clairs. On ne peut indéfiniment dépenser ce que l'on n'a pas. Comme me le faisait justement remarquer Jérôme, un lecteur de ce blog, chef d'entreprise, 4% de déficit par an cela peut se gérer pour revenir à l'équilibre. Nos gouvernants ne l'on pas fait et trente ans plus tard, comme en Argentine jadis, nous risquons de ne plus faire face. Je me tâte de faire un article plus technique sur la nature de la dette. Disons juste que sans gestion adaptée, 4% d'intérêts composés sur trente ans font que la dette aujourd'hui est à moitié constituée de frais financiers qui s'accumulent... comme celle des Pays en Voie de Développement quand j'étais potache !

Ceci annonce-t-il à soi seul la fin d'un système ou révèle-t-il le résultat du cumul de petites lâchetés de nombre de privilégiés qui tiennent à leur rente ? Voyez par exemple ce que disait Jacques Marseille  à propos de la responsabilité des banques dans cette brève vidéo après la "première" crise de 2008:
Il y a bien d'autres soucis c'est entendu, et ce blog s'en fait l'écho: l'épuisement des ressources, un système financier ultra-complexe qui ne sert plus l'économie, une société ultra-sécuritaire repue qui peine à se remettre en cause et à entreprendre ... Pour autant, la crise de la dette est de l'ordre de ce que nous pouvions régler nous-mêmes collectivement, probablement le pouvons-nous encore !
Jacques Marseille était de ceux qui, réellement, avaient attiré l'attention sur ce qui était et est encore plus aujourd'hui l'urgence sans aller se perdre dans de faux débats de systèmes. Voyez cette vidéo où il nous parle de la crise de confiance des français qui conduit à l'attentisme et à la prophétie auto-réalisatrice:


Pour retrouver sa pensée:
L'argent des français
La guerre des deux France


Que penser et que faire ?

Faut-il, comme Paul Jorion nous le laissait croire Mercredi dernier, se résigner à subir le sort des Mayas  en en appelant à une réforme tellement structurelle qu'il faudrait réformer la nature humaine ou comme  les Argentins jadis continuer à se masquer les réalités cruelles jusqu'à la banqueroute ?

Comme le disait Jérôme dans son commentaire, on oublie que chefs d'entreprises et mères de familles s'adaptent et innovent tous les jours pour faire leurs échéances. Demandons à nos institutions politiques et financières de faire de même et vérifions qu'elles le font ! Autrement dit, tirons parti collectivement des ressources d'imagination et d'efforts que nous craignons de ne plus avoir en nous faisons confiance à nous-mêmes, ensemble, et arrêtons de dépenser ce que nous n'avons pas en poche. Pour le dire comme les philosophes: "vivons dans l'immanence et la transcendance viendra de surcroît", ou comme les religieux; "aide-toi et le ciel t'aidera !"

Jacques Marseille nous ramenait à cette évidence qui ne l'empêchait pas de garder le sourire. Car Jacques Marseille au soir de sa vie, n'avait rien d'un dépressif et ne renonçait pas à communiquer son savoir et sa joie de vivre.

Affaire de travail, de confiance et de volonté donc. Reste plus qu'à choisir des représentants capables d'incarner cette orientation, à se retrousser les manches et à arrêter de gémir.

3 commentaires:

jérôme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
jérôme a dit…

Oh merci de me citer.
Sur le sujet de la dette, je crois que déjà la dépense publique est inconsidérée. Le journal Capital du mois de décembre indique que TOUS les chantiers actuels d'extension de TGV en France sont sans justification financière. Chacun veut sa gare TGV, les entreprises de TP travaillent, Alsthom travaille et le contribuable paye, sans parler de la SNCF qui est sous perfusion. Le seul tunnel sous les Alpes entre Lyon et Turin va coûter 8 milliards au minimum à la France. Le journal trouve 80 milliards de réduction de dépenses à très court terme! Pour faire court, mettons à la tête des services publics des gens qui savent ce que c'est que gagner de l'argent et la plupart des problèmes seront réglés. Un jour je croisais un patron Anglais dans un avion qui faisait cette analyse: en France vous n'avez qu'une chose à faire, supprimer l'ENA. C'est une porte ouverte mais Oh combien juste. Je le formule autrement: limiter le cumul des mandats dans le temps à 2 ou 3 mandats maximum et par personne. Tous les autres problèmes viennent de là, les politiques sont irresponsables. J'attends d'ailleurs de voir ce que va pouvoir faire Mario Monti en Italie, un technicien loin des politiques.

Didier Chambaretaud a dit…

Beaucoup de choses et peu de temps pour vous répondre ... Vous avez mis dans le mille sur la gare de TGV si j'en juge pas notre actualité récente en Moselle ...