lundi 18 avril 2011

Kenya: carnet de voyage en terre de contraste !

Jambo, jambo ! (Salut en Swahili).

Une courte visite d'agrément au Kenya que j'avais signalée à l'occasion de mon avant-dernier billet va me servir aujourd'hui de billet introductif à une série d'articles sur le thème du développement économique du point de vue des pays pauvres. Je préfère ce terme moins hypocrite à celui de "PVD". Mon objectif est d'y trouver des sources d'inspiration pour nous-mêmes et non pas seulement pour participer à une quelconque "aide". La photo de droite est celle de notre hôtel repiquée sur un site de voyage.

Kenya, terre de contraste !

Je reprends ce titre éculé, très utilisé dans les dépliants touristiques, pour signaler un contraste qui, s'il ne m'a pas étonné, m'a tout de même rendu le séjour plus difficile à vivre que je ne l'imaginais. Ne vous méprenez pas, je ne critique ni ce pays, ni ses habitants dont la joie de vivre et l'accueil sont remarquables face à des touristes consommateurs et peu sensibles à leur environnement. Le tourisme est la seconde industrie du pays, ses safaris sont mondialement connus et de nombreuses personnes survivent grâce à cela. 

Les deux photos de gauche vous illustrent ce que je veux dire par contraste. La première en haut à gauche montre une case "rurale" en torchis, couverte de palmes. La seconde en bas à gauche présente une échoppe à deux pas de l'hôtel en tôle et cartons. Point commun entre ces deux photos: pas d'eau, pas d'électricité, on vit et on travaille par 40° à l'ombre. Le contraste avec la photo de l'hôtel c'est que là, il y a trois piscines chlorées et l'électricité qui éclaire toute la nuit. Entre les deux mondes, quelques mètres, des gardes armés de gourdins et apparemment peu de synergies !

Afrique, terre de transformations !
Pendant notre séjour, Kofi Hanan, président des personnalités éminentes africaines a incité les Kenyans à l'apaisement à l'occasion de la comparution devant la Cour Pénale Internationale (CPI)  le 7 avril, à La Haye de six hauts responsables kenyans accusés de crimes contre l’humanité lors des violences post-électorales de l’élection présidentielle de 2007, qui avaient fait plus d’un millier de morts. Nous n'avons en effet constaté aucun trouble sur place alors que divers autres événements se produisaient en Afrique. On en a peu parlé, pourtant le Kenya démontre que ce pays fonctionne selon un processus de régulation serein.
Simultanément, en Côte d'ivoire, Laurent Gbagbo était arrêté et on polémiquait en France pour savoir si la force française Licorne y avait participé en violation de son mandat de l'ONU. On cherche maintenant à faire la lumière sur les massacres dans l'Ouest du pays par les forces qui ont pris le pouvoir à la suite de A Ouattara. L'événement a été très commenté insistant sur l'aspect sensationnel, polémique et violent renforçant l'idée d'une Afrique immature et instable dans un pays pourtant considéré comme riche.
Pendant ce temps au Niger, et cela a été peu commenté (France24 que nous recevions à l'hôtel en a cependant dit un petit mot), un nouveau président élu démocratiquement Mahamadou Issouffou était investi à la suite d'un processus non-violent visant à remplacer les militaires au pouvoir après 4 coups d'Etat depuis l'indépendance en 1960. Ce pays pauvre illustre que l'Afrique francophone est apte à se réguler sereinement d'elle même, dommage que l'on en ait si peu parlé ! Godeleine, mon envoyée spéciale sur place m'a indiqué que, sur place, on  fonde de grands espoirs en ce nouveau dirigeant.


La Tunisie, l'Egypte semblent prendre le même chemin tandis que le Burkina Fasso est en proie à de nouveaux troubles et que la Libye n'arrive pas à se débarrasser de Kadhafi. Au total, je suis optimiste sur les transformations politiques en Afrique. D'autres transformations sociales, technologiques et économiques les déterminent en profondeur. Nous devons prendre conscience des ces transformations "discrètes" afin de modifier notre attitude de clients et de fournisseurs et de pays qui "aident" l'Afrique. J'en reparlerai.

Pays pauvres, terres de solutions locales pour notre avenir ?
Je reviens un instant pour parler du Kenya. Je vous ai dit plus haut que nous avions constaté le manque d'infrastructures de base (eau et électricité) pour une grande partie de la population locale. Voici une petite vidéo qui montre à quel point cette situation est intenable à la périphérie des villes:

Les conditions d'hygiène qui en découlent sont comme ici très préoccupantes. Nous avons vu pour notre part de nombreuses voitures à bras chargées de bidons dans Mombasa et dans la région pour ravitailler la population. La seule infrastructure qui semble largement diffusée y compris parmi la population la plus pauvre est le téléphone portable ...

Face à cela, comme le dit le petit film ci-dessus, des mouvements locaux solidaires se mettent en place comme le Mouvement de la Ceinture Verte au Kenya: « C’est très important pour nous d’agir à un niveau local. En effet, parfois quand nous pensons aux problèmes mondiaux, nous nous sentons démunis. Mais lorsque nous agissons à un niveau local, alors nous sommes pleins de force. »
Dans les années 70, la biologiste Wangari Maathai (encore une femme africaine) s’inquiétait de la déforestation dans son pays natal, le Kenya. Au Kenya, comme dans beaucoup de pays en voie de développement, la pauvreté et la forte augmentation de la population ont eu un impact important sur l’environnement naturel. Des pauvres coupaient les arbres pour acheter de l’essence et défrichaient pour cultiver la terre. À mesure que les arbres disparaissaient, les plantes et les espèces animales qui dépendaient d’eux ont commencé aussi à se raréfier. Par ruissellement et ravinement, l’eau de pluie a érodé la terre en l’appauvrissant. Cette dégradation de l’environnement a renforcé le cycle d’appauvrissement. Les conséquences furent la malnutrition, la rareté de l’eau et une augmentation des maladies contagieuses. Je fais un signe à ce propos à Bernard Mariette et à ses initiatives consistant à donner des chaussures aux enfants qui vivent dans ces conditions ...

En quoi ceci nous concerne-t-il ?

Tout d'abord en tant que touriste, il est désormais possible de favoriser les offres de tourisme solidaire où le contact avec les populations est peut-être plus authentique et où le développement du tourisme en tant qu'activité économique est également plus respectueux des populations locales.

Ensuite en tant qu'acteurs économiques, nous avons, j'en suis convaincu, à prendre en compte pour notre propre avenir les avis et propositions des femmes africaines comme Wangari Maathai citée plus haut ou comme Dambisa Moyo, une économiste Zambienne de la jeune génération issue des meilleures universités anglo-saxonnes passée par la finance et par la Banque Mondiale. Je vous parlerai de son travail et de ses réflexions non seulement sur l'aide à l'Afrique (j'ai trouvé son premier livre: Dead Aid: Why aid is not working and how there is another way for Africa à l'aéroport de Mombasa) mais aussi sur l'avenir de l'Occident.

Enfin, en tant que consommateurs d'informations sur l'état d'instabilité du monde et dans la lignée de mes articles sur les média hybrides, je vous présenterai également une sud-africaine Ory Okolloh bien connue de TED.com. Je vous avais fait connaître diverses interventions de représentants des Pays pauvres dans TED qui me semblaient avoir un impact pour nous. Sans être exagérément pessimistes notre monde de consommation déraisonnable (ce qui ne signifie nullement la fin du capitalisme !) va certainement prendre fin et l'Etat d'esprit qui prévaut dans les pays pauvres et certaines de leurs solutions pourraient bien nous inspirer ...

Kwaheri ! (au revoir en Swahili)

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