dimanche 23 janvier 2011

Nicholas Christakis: science prédictive des réseaux sociaux pour action proactive !

Nicholas Christakis est un chercheur de l'Université d'Harvard spécialisé dans les phénomènes sociaux se matérialisant sous forme de réseaux. Il peut s'agir d'épidémies, de comportements d'imitation, de consommation, d'idées ou d'opinions. Son livre Connected: Amazing Power of Social Networks and How They Shape Our Lives a eu un effet majeur dans la compréhension des effets réseaux à l'heure précisément où l'Internet a fait surgir de nouveau réseaux sociaux connectés. Il sera ici question d'influence entre individu, d'agencement de réseau et de diffusion d'influence à l'intérieur du réseau. Tout d'abord prenons un petit exemple visuel de ce dont nous parlons:

Ce premier graphe montre les liens entre tous les personnages du roman les Misérables de Victor Hugo. Ainsi, Javert, Valjean et Cosette apparaissent au centre du graphe. Ceci pour indiquer que la modélisation mathématique sous-jacente ne prend pas seulement en compte une bête comptabilisation des liens mais établit une métrique propre à l'importance sociale du personnage dans le réseau.

Une fois n'est pas coutume, le présent billet va présenter trois vidéos sur ce même thème. Deux vidéo TED de N. Christakis et une qui est une illustration de l'étude sur l'obésité qui a été le point de départ de son travail. Voici la première vidéo:


Nicholas Christakis illustre son propos par ses travaux sur l'obésité affirmant qui si vos amis sont obèses, vous avez 45% de chances d'être obèse et 25% de plus si les amis de vos amis le sont ! Voici comment se présente l'évolution du regroupement (cluster) des obèses dans le réseau relationnel étudié:



Pour aller plus loin dans le propos de Nicolas Christakis, voici une autre vidéo TED, plus récente qui reprend les termes de la première mais surtout qui se focalise sur l'utilisation prédictive de cette technique par exemple en matière d'épidémiologie ou de vaccination (trois fois moins coûteuse) ou de marketing social et politique. L'idée étant de se focaliser non pas sur un échantillon représentatif des populations mais sur un sous-groupe "d'amis" centraux dans le processus de diffusion de l'influence à l'interieur du réseau. Voici:

 Puisque nous sommes en plein mapping, je me suis amusé non pas à traduire tout cela mais à faire une carte générale de l'argumentation, la voici:

































En résumé, dès qu'une influence d'imitation ou de transfert d'information voire aussi de germes est possible entre individu, se constitue un réseau. Notons au passage que, hormis dans le cas de transmission des maladies, le moteur de la transmission (contamination sociale) est l'émotion ! Dans ce réseau, apparaissent des clusters (regroupements) et des positions centrales ou marginales. Comme dans l'exemple suivant d'amis où figurent aussi les sous-groupes fans de groupes musicaux:
On voit bien ici les sous-groupes entourés en couleur. Dans tous ces réseaux existent un sous-ensemble de gens "centraux" c'est-à-dire qui, sur le plan "épidémiologique", vont être prédictifs et influenceurs du comportement de l'ensemble du réseau. L'intérêt pour la santé publique est évident. Si Mme Bachelot avait utilisé ces techniques pour la prévention de la grippe H1N1, elle aurait été moins ridicule et meilleur gestionnaire des deniers publics.Le marketing social et politique comme le marketing tout court sont donc évidement potentiellement clients de ceci.
En quoi sommes-nous concernés ?
Si les hypothèses de Christakis se confirment et même si vous n'aspirez pas à vous enfermer dans Facebook, cette vision du monde est structurante et à mon avis incontournable. Je reviens par exemple sur la crise des subprimes et ses suites jusqu'à peut-être la chute de toute notre économie financière en déshérence. Les esprits rationnels, vertueux ou simplement amers, jugent que notre système est pervers. La démocratie semble bafouée par ce que non seulement un petit nombre d'influenceurs a permis la crise mais encore qu'avant la fin de celle-ci, ceux-là seront encore plus riches. Les marginaux de notre vaste réseau que sont les simples citoyens seront encore plus marginalisés et auront en plus perdu leur job. A partir de là, nous tournons à vide. On ne sait pas quoi faire, et si on savait on n'aurait pas le pouvoir et ceux qui ont le pouvoir ne veulent pas faire ce qui serait nécessaire !!!

En guise de conclusion personnelle:
Cette représentation en réseaux est peut-être moins anodine qu'elle y paraît: une nouvelle représentation du monde "démocratique". Tous les points sont égaux en droit mais en fonction de leur position dans le réseau, ils n'ont pas la même influence, et nous le savons tous déjà. Alors ? Faut-il tout brûler ?

Si ces réseaux sont des super-organismes qui sélectionnent les "bonnes" influences comme le pense N. Christakis, travaillons, grâce à l'internet, grâce à de nouveaux moyens de diffusion des idées comme TED, à modifier les réseaux pour que se modifient les comportements et les minorités d'influence. Je reviendrai plus tard sur le rôle intéressant de M.Assange à cet égard. Il n'y a pas de complot planétaire au sens banal, c'est ma conviction, ni de fatalité, il n'y a que des acteurs marginalisés entre autres parce qu'ils ont baissé les bras ! Et si ce que décrit ici N. Christakis venait donner une chance et un moyen à ceux qui ont encore envie que ça s'arrange ?

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